A quoi ressemble la souffrance de ces migrants Sénégalais bloqués aux Iles Canaries !

Faute de trouver des chiffres plus précis nous pouvons donc estimer qu’environ 6000 personnes migrantes de nationalité sénégalaise seraient parties en embarcation vers les Îles Canaries dont au moins mille auraient péri pendant le voyage.

Le pic d’arrivées des derniers mois de 2020 avait saturé le quai de pêche du petit port d’Arguineguín prévu pour 700 personnes mais où il est arrivé d’y avoir plus de 3000 personnes entassées dans des conditions indignes, à même le sol.

Devant cette catastrophe humanitaire le gouvernement a logé provisoirement les migrants dans des hôtels vides à cause de la pandémie Covid-19. Début 2021, la gestion chaotique de migrations, compétence du gouvernement central, avait finalement permis l’aménagement en vitesse de quelques locaux d’accueil et de campements provisoires. Tous les migrants logés dans des hôtels ont été distribués dans ces lieux d’accueil indignes de ce nom. Parfois quelques tentes dressées en rase campagne où le froid sévissait. Ou des centres aux conditions d’hygiène illégales. La nourriture dans tous ces lieux est dégoûtante.

Des migrants ont refusé de rejoindre ces centres et campements d’accueil craignant de tomber dans un guet-apens d’où le gouvernement les sortirait pour les….déporter de retour. Quelques centaines de migrants sénégalais se trouvent donc à la rue dans le dénuement le plus total.

Il faut savoir que les gouvernements sénégalais et mauritanien ont signé des accords de la honte avec le gouvernement espagnol pour accepter le retour de personnes migrantes déportées. Pis encore, la Mauritanie accepte la déportation sur son territoire de personnes migrantes d’autres nationalités. La Mauritanie a déjà reçu un vol avec une vingtaine de personnes de nationalité sénégalaise qui ont été conduites directement à Rosso pour être expulsées vers le Sénégal...

Frapp Las Palmas suit de près la situation de quelques dizaines de migrants sénégalais regroupés dans des zones jardinées de la plage de Las Alcaravaneras et qui peut donner une idée générale de la situation de toutes les personnes migrantes sénégalaises réparties dans les différents campements et centres de toutes les Îles Canaries. Ce groupe donc, reçoit l’assistance de « Somos Red » un réseau spontané de citoyennes et citoyens canariens en lutte contre l’arbitraire législatif infligé aux personnes migrantes. Le FRAPP est solidaire de leur plaidoyer et démarche anti-impérialiste. En effet les migrants ont vu plusieurs de leurs droits humains bafoués par les autorités comme le droit à une assistance juridique des leur arrivée, à un accueil digne, à l’information etc. etc. Mentionnons surtout l’exercice du droit, en attendant de régulariser sa situation, à la libre circulation et résidence, partout dans le territoire espagnol de toute personne en situation documentaire irrégulière, droit qui est reconnu dans la législation espagnole.

Or ce droit a été bafoué à plusieurs reprises par les autorités policières de ports et aéroports qui ont bloqué des personnes migrantes exerçant leur droit de circulation avec billets de transport réguliers. Toutefois il y a eu de migrants sénégalais qui ont réussi à continuer le voyage en Espagne. Le but officieux de ces véritables contrôles au faciès sous ordre opaque des hautes autorités, serait d’empêcher un prétendu effet d’appel si on laisse les migrants regagner la péninsule ibérique, le continent européen. Ces blocages illégaux et discriminatoires confirment que les Canaries, région ultrapériphérique de l’Union Européenne, sont devenues une prison de personnes migrantes africaines.

Mais revenons aux migrants regroupés dans ce camp de fortune de Las Alcaravaneras. Ils ont vu comment la police les expulsait des lieux et les éboueurs raflaient leurs tentes (des dons, parfois neuves) et petits affaires pour les jeter à la poubelle. Ce sont des ordres, il faut que la plage soit « nettoyée » pour accueillir les baigneurs, de l’aveu même de policiers. Mais les migrants sont revenus faute d’autres lieux où passer la nuit.

Les migrants sénégalais de las Alcaravaneras sont arrivés depuis 5-6 mois pour certains. Depuis ils ont manifesté leur volonté de déposer une demande d’asile. Ils détiennent donc un certificat de manifestation avec une date de rendez vous, généralement dans un an, pour déposer le dossier complet d’asile et subir un entretien. Pendant ce temps ils ne sont pas expulsables. Mais ils ont seulement le droit de travailler 6 mois après que le dossier déposé a été admis et n’ait pas été encore résolu favorablement, c’est à dire dans plus d’un et demi…. Tout ceci les précipite dans un no man’s land juridique intolérablement discriminatoire, privés de leurs droits de libre circulation et de pouvoir travailler, bloqués dans les Îles Canaries, une prison à ciel ouvert pour les migrants africains. Tous les migrants sénégalais dénoncent qu’ils ne sont pas venus pour dormir dans la rue mais pour rejoindre des parents en Europe qui peuvent les accueillir et pour travailler et soutenir leur familles restées au pays.

Face à tout cela Frapp dénonce le silence ahurissant des autorités sénégalaises sur le sort de ces milliers de sénégalais en détresse et dont les droits sont bafoués. Au contraire ce sont les accords de la honte de déportation qui permettent ces abus. Ces accords doivent être dénoncés et annulés. En outre le gouvernement doit adresser des notes diplomatiques aux autorités espagnoles exigeant le respect des lois pour les compatriotes sénégalais. Par ailleurs le gouvernement sénégalais a récemment destiné 12,8 milliards de FCFA à la diaspora pour l’appuyer en ces temps de pandémie de covid. De la même manière le gouvernement doit mettre en place rapidement un dispositif permettant d’allouer de budgets aux migrants sénégalais et obligeant les consulats à prêter main forte aux compatriotes en difficulté, que ce soit en termes matériels ou d’assistance juridique.

Enfin FRAPP diaspora se recueille et compatit avec les milliers des familles et les dizaines de parents qui sont en deuil permanent car leur parent migrant a disparu en mer. FRAPP Diaspora exige que le gouvernement établisse la liste de ces milliers de disparus en mer, que des démarches soient faite pour identifier les morts enterrés anonymement et que les familles éplorées reçoivent le soutien de l’État.

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